Cybercabinespatiale : La boîte à livres

 

 Vous cherchez l’aventure ?

Alors foncez et ALBIEZ-VOUS !

Ayant péniblement quitté le deuxième millénaire et si nous voulons donner à notre chère planète l’ultime chance d’être un lieu de bonheur, Albiez le jeune nous offre résolument, audacieusement, l’occasion d’entrer dans le troisième millénaire. La commune d’Albiez le jeune vient en effet de se doter d’une

 CYBERCABINESPATIALE !

Elle l’a osé et de belle manière ! Elle recycle un objet hautement symbolique mais devenu obsolète : l’ancienne cabine téléphonique.

L’idée n’est pas venue toute seule et il fallait jouir d’une grande réceptivité pour saisir le sens d’un bourdonnement mystérieux. En effet, une conseillère municipale passant près de l’ancien abreuvoir ressentit un étrange agacement auditif. Une personne excessivement rationnelle aurait nommé cette surprenante sensation du nom savant d’acouphène. Mais ayant expérimenté qu’un mot d’apparence scientifique masque souvent un état d’ignorance, elle se prit à songer que le bruit discret émanait non pas de l’abreuvoir qui aurait pourtant beaucoup à raconter, mais de la cabine téléphonique qui avait, durant presqu’un siècle, concentré des milliers et des milliers d’échanges entre un au-delà mystérieux et une personne physiquement présente en ce lieu confiné.

Entre les « Je vous passe une commande… », les « La mémé a passé… », les « Si tu savais comme je t’aime !... » ou les « Cette fois tu te casses et tu me fous la paix …. » que d’histoires s’y sont racontées ! se dit l’élue en se débouchant l’oreille pour en chasser le chatouillis. En sortant rapidement son auriculaire du conduit auditif, son petit doigt fit comme un bruit de bouchon de champagne. Alors jaillit une explosion d’idées.

Mentalement la cabine glissa vers un lieu plus central, la porte de l’habitacle s’ouvrit et une procession de livres, des petits tout timides, des ventrus presque neufs, des BD essoufflés, des aventures poussives, des polars haletants…tout ce petit monde se bouscula en riant, pour enfin trouver sur une étagère la bonne place qui attirerait le chaland.

La conseillère municipale n’aurait rien d’autre à conseiller que de prendre un livre presqu’au hasard et s’immerger dan un monde inconnu jusqu’alors et pourtant captivant, et y prendre goût.

Ainsi, une personne qu’un livre a passionnée viendra le déposer dans la capsule que quelqu’un découvrira à son tour, et le gardera ou le transmettra. Pas de fiche à remplir, d’obligation de rendre, seule la passion de lire et de partager.

 Cette capsule est désormais mise à la disposition non seulement des habitants de la commune, mais de toute personne audacieuse désireuse d’expérimenter l’engin et d’explorer des mondes inconnus.

Texte de Jean Marie CHARRON